Baptistine raconte

"L'accouchement à la maison de Baptistine : Une bulle d'amour, de confiance et de puissance"

C'est mon premier bébé. Et on a vraiment été dans notre bulle et on l'est encore beaucoup. Je suis persuadé que tout ça est grâce au fait d'avoir accouché à la maison, d'être resté dans le calme, dans la tranquillité, dans la sérénité, dans l'amour, dans le respect et dans le bonheur.

2h30 du matin, je vais faire pipi comme toutes les nuits depuis bien 5 ou 6 mois maintenant. Ces derniers temps, chaque fois que j'allais à la toilette je me disais : "C'est peut-être pour maintenant, pour aujourd'hui..." En tout cas, j'étais prête dans ma tête, dans mon esprit et dans mon corps. Mais ce jour-là, à 2h du matin : rien.

4h, ça coule. La fameuse poche des eaux ? Ou juste une perte vaginale ? Ça me réveille mais en même temps ce n'est pas gênant. Donc je vais à la toilette. Et là, pas de doute : c'est la perte des eaux. J'ai hâte, je suis sereine, détendue. Je vais voir mon compagnon et futur papa et je lui dis : "C'est pour aujourd'hui, je le sens, je le sais." Lui était quand même un petit peu plus stressé que moi sur le moment. Toute heureuse, j'appelle ma sage-femme pour savoir comment on s'organise, ce qu'on fait, etc. Comme un rendez-vous qu'on attend depuis des semaines ! Je n'ai encore aucune contraction alors elle me dit d'aller me recoucher. Évidemment, je n'ai pas dormi. J'étais trop excitée à l'idée que c'était pour aujourd'hui.

5h30, première contraction. Cette première contraction ressemble vraiment à la douleur des règles, comme je l'avais entendu et lu. Puis deux, puis trois... Ça y est, c'est officiel, nous sommes le 26 mai, ma petite fille arrivera aujourd'hui. C'est le jour J. C'est la rencontre tant attendue. Je décide d'aller prendre une douche, de me faire un thé et une bouillotte. Comme dans les films, je perds encore les eaux en plein milieu de la cuisine... Littéralement, une flaque d'eau.

À 6h du matin, mon compagnon commence à tout installer : la piscine, le matelas, les petites lampes, etc. C'est vrai qu'à ce niveau-là, étant donné que je devais accoucher seulement la semaine suivante, ce n'était pas prêt. On était détendus, en fait, on laissait juste les choses arriver comme elles voulaient arriver. Mon compagnon me pose quand même une dernière fois la question : "Est-ce que tu veux vraiment accoucher ici, à la maison ? Est-ce qu'on fait vraiment ça ?" Beaucoup de questions pour lui, aucune pour moi. Tout était sûr, tout était droit, la ligne de conduite était faite. Je savais que j'accoucherais chez moi, quoi qu'il arrive. Je n'avais pas mis de côté l'idée qu'il puisse arriver quelque chose et que je doive aller à l'hôpital, bien sûr, mais j'étais sûre que tout irait bien. J'appelle ma doula. Elle me propose de passer chercher le petit-déjeuner... Je dis évidemment oui, volontiers.

Elle arrive finalement vers 7h du matin. Les contractions augmentent progressivement à ce moment précis. Mon compagnon est là, ma doula aussi. C'est magique ce qu'il se passe. J'en oublie même d'avertir ma sage-femme que les contractions sont là depuis 2h. En fait, je voulais aussi la laisser se reposer pour qu'elle puisse assurer au maximum tout mon accouchement. Je fais une séance d'hypnose. Je mange. C'était trop bon ! Bon, j'ai vomi à 8h30 mais c'est rien, ça en valait la peine. L'intensité augmente. Ça me traverse l'esprit : "Ok, si ça reste comme ça, il n'y a aucun problème, je gère et je vais gérer." Mais ça n'allait pas rester comme ça, évidemment... ahah ! 😂

10h, ma SF arrive. Là, ça devient vraiment intense. Je suis sur mon ballon et j'avoue être très heureuse que ma sage-femme soit là. C'est mon nouveau repère, elle me guide à la perfection. Les contractions sont de plus en plus fortes. Je vais sur le ballon et elle m'aide. Me rappelle le souffle et dirige. Ma doula me masse le bas du dos. Mon compagnon est présent, il m'accompagne et me serre la main : en fait, c'est moi qui serre sa main tellement fort...

11h, on décide que j'aille dans la piscine. Franchement, ça m'a aidée, ça m'a détendue, ça m'a calmée, ça m'a aidée à pousser. Mon col s'ouvre de plus en plus. Je sens mon bébé descendre. Tout est tellement naturel et parfait. Musique de fond, dans mon cocon, chez nous avec mon compagnon. L'endorphine arrive à son tour. Un sacré soulagement, celle-ci ! Je suis complètement stone ! Tout est dans le respect pour moi, mais surtout pour mon bébé. Ensemble, on fait un travail d'équipe sublime. C'est puissant. C'est magique. Mon compagnon est de plus en plus présent pour moi et ma doula est toujours là pour moi. Ils font tout ce que je demande. Tout est paisible et si agréable. Mon compagnon, très investi, me soutient, me tient, me protège. C'est le pilier de cette aventure, sur lequel je m'accroche physiquement, émotionnellement, sentimentalement, psychiquement... aventure qui ne fait que commencer.

12h30, ça commence à devenir dur de rester dans la piscine et l'eau fait l'effet inverse sur mes contractions : elles sont de moins en moins fortes. Donc plus de mal pour pousser. Je me fatigue. J'arrête pas de me dire : "Ça y est, à cette poussée, le bébé arrive !" Mais pas de bébé. Je ne doute pas de moi mais je me demande vraiment combien de temps ça va durer encore. Je ne culpabilise pas de penser ça. C'est normal d'être fatiguée, je n'ai pas préparé mon accouchement en faisant un marathon juste avant, non plus. J'avais préparé mon accouchement d'une façon calme et sereine.

On décide de sortir de la piscine vers 12h45. Je vais m'installer sur le matelas tant bien que mal... Ça devient de plus en plus intense, de plus en plus chaud, de plus en plus physique. Mais, malgré tout, chaque contraction me rapproche un peu plus de mon bébé. C'est long et court à la fois. Je suis dans une autre dimension. Dans ma bulle. Mon compagnon est toujours là avec moi et là pour moi, il est motivant, stimulant. J'en reviens pas de ce qu'il fait : on le fait ensemble. Je l'impressionne par ma force et par ma puissance de donner naissance. Mais il m'impressionne tout autant par son dévouement, son amour, sa joie, sa présence très remarquable et sa persévérance. Il veut presque aider ma SF. Il veut presque faire à la place de ma sage-femme. C'est à la fois marrant, très étonnant et très rassurant. Il y a tant d'humour, d'amour et d'humilité autour de cet accouchement... autour de cette naissance qui arrive tout doucement. Les dernières contractions, les dernières poussées sont de plus en plus intenses. Ça chauffe radicalement. J'en peux plus, j'ai envie de pousser, je suis essoufflée, je suis fatiguée, j'ai envie qu'on en finisse. Alors, je décide de pousser une dernière fois : une énorme poussée qui n'est pas sous une contraction mais juste une envie de pousser... La fameuse poussée réflexe ?

Et pouf, bébé est là, il est 14h02, c'est incroyable. J'ai pas les mots. Je ne sais pas ce qui m'attend réellement. Je sais que tout ce que je viens de faire n'est que le début. Je sais qu'on est trois, qu'on est dans notre bulle. Et quelle bulle...

Le fait d'avoir accouché à la maison nous a vraiment mis dans notre cocon tant avant l'accouchement, que les premières heures de travail, que pendant l'accouchement, qu'après l'accouchement. Et là, ça y est enfin, après ces 9 mois et ces 10 heures de travail : bébé est là, sur moi, posée. Bébé posé pendant 3h sur moi. Puis 2h sur papa. Le temps s'arrête radicalement. Le peau à peau, c'est si doux. Je n'arrête pas de la regarder, de me dire que tout ça est carrément fou ! Il n'y a pas d'autres mots que : c'est incroyable. Incroyable qu'elle soit là, incroyable qu'elle ait grandi en moi, incroyable que j'aie fait ça, à la maison, incroyable que mon compagnon ait été si présent. Incroyable. Incroyable. Tout est incroyable et pourtant bien vrai, bien réel. Cet amour est si intense, presque autant que l'accouchement. C'est riche, si doux, si fort, si pur, tellement fou. Je n'ai pas envie de sortir le placenta après tout cet effort. Alors on prend vraiment notre temps... Après 2h enfin on le sort. En effet, quelle délivrance ce truc gluant !! On coupe le cordon seulement quand il devient blanc. On fait tout en douceur. On décide de peser bébé seulement 2 jours après. Tout est fait dans le calme et le respect. C'est ça l'accouchement à la maison. C'est ça MON accouchement. C'est ça l'accouchement parfait, selon moi.

Toute notre vie a changé. C'était et c'est juste un excès d'amour. Un débordement. Un trop-plein d'émotion. Je sais que toutes les mamans passent par là mais je reste convaincue que le fait d'avoir accouché dans mon espace, dans mon confort, de ne pas avoir été dérangée, d'avoir une sage-femme qui venait tous les jours pour nous aider, d'avoir une doula qui pouvait entendre et recevoir toutes mes émotions : tout ça, ça nous a chamboulés et aidés. C'est vraiment difficile de mettre des mots et d'expliquer ce qu'on ressent ; c'est vraiment un mélange de tout en même temps. De l'amour, de la joie, du rire, de la bonne humeur, des pleurs, de l'inquiétude, du bonheur, etc. On a beaucoup rigolé. J'ai beaucoup pleuré.

On a pris des photos pendant l'accouchement et ça aussi, ça n'a aucun prix de les revoir ! C'est merveilleux et magique. On l'a fait. Tous les trois. À l'aide de ma SF et ma doula. Quand j'ai accouché, je n'ai pas du tout osé faire venir une photographe, je trouvais ça même un peu spécial... Et quand j'ai accouché à la maison, ma doula m'a pris en photo avec mon téléphone... Mais ce sont des photos souvenirs tellement intenses et incroyables que j'ai regretté de ne pas avoir pris une photographe le jour de l'accouchement. Parce que c'est tellement dingue tout ce qu'il se passe. Des souvenirs plus que magiques et c'est unique, ça n'arrivera qu'une seule fois, car chaque grossesse et accouchement est unique.

Merci à Brigitte et Isabelle. Merci à mon compagnon. Merci à mon bébé. Merci à moi. Merci à l'équipe qu'on a été ce jour-là.